L’Aïd al-Adha (en arabe عيد الأضحى, « fête du sacrifice ») ou Aīd al-Kabīr (العيد الكبير « la grande fête » par opposition avec l’Aïd el-Fitr appelé aïd as-saghir, ou petit aïd), est la fête la plus importante de l’islam. Elle est appelée Tabaski dans les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Centrale (Tchad, Cameroun) ayant une importante communauté musulmane. Elle a lieu le 10 du mois de dhou al-hijja, le dernier mois du calendrier musulman, après waqfat Arafa, ou station sur le mont Arafat et marque chaque année la fin du hajj.

Appellations

Eid al-Adha aux différents noms, y compris: le jour du sacrifice, est appelé en Palestine, la Jordanie, le Liban, l’Egypte, le Maroc, la Tunisie, l’Irak, la Libye, l’Algérie, L’Aïd el-Kebir, à Bahreïn Aïd hejaj et à Iran Aïd qurban.

L’Aïd el-Kebir est nommé la Tabaski ou Tobaski au Sénégal3 et en Gambie4 (mot sérère, ancienne fête religieuse sérère5,4,6,7) et dans les autres pays d’Afrique de l’Ouest francophone (Guinée, Mali, Côte d’Ivoire, Bénin, Burkina Faso, Togo, Niger, Cameroun) et par exemple au Nigeria. En Afrique du Nord, il est appelé Tafaska chez les maghrébins de tradition Amazigh tandis que les autres Berbères, arabophones, utilisent le nom arabe. En Turquie, il est appelé Kurban Bayramı8 et dans les Balkans, Kurban Bajram. En Éthiopie, il est appelé Arefa.

En Indonésie, on l’appelle Lebaran Haji.

En langue française, s’utilise également le terme fête du sacrifice »[réf. souhaitée].

Rites et traditions islamiques

Tabaski à Kounkané (Sénégal)

Cette fête commémore la soumission d’Ibrahim (Abraham dans la tradition juive) à son Dieu, symbolisée par l’épisode où il accepte d’égorger, sur l’ordre de Dieu, son unique fils Ismaël9,10 (dans le judaïsme, le fils à sacrifier est Isaac). Après son acceptation de l’ordre divin, Dieu envoie l’archange Gabriel (Jibrīl) qui substitue au dernier moment l’enfant par un mouton qui servira d’offrande sacrificielle. En souvenir11,12 de cette soumission totale d’Ibrahim à son Dieu, les familles musulmanes sacrifient un animal (le mouton qui a six mois ou la chèvre qui a deux ans ou le bovin qui a deux ans et qui est entré dans la troisième année lunaire ou le chameau qui a complété cinq ans13) selon les règles en vigueur. Notamment, le musulman doit se comporter au mieux avec l’animal, le prophète Mohammed ayant dit : « Certes Allah a prescrit l’excellence dans toute chose. Ainsi lorsque vous tuez, tuez de manière parfaite et si vous égorgez, égorgez de manière parfaite. Que l’un de vous aiguise son couteau et qu’il apaise la bête qu’il égorge14 » . Il faut manger de la viande du sacrifice, en garder et en offrir aux pauvres15, proches, voisins, collègues, etc.

Le jour de Aïd el-Kebir constitue un jour de célébration dans la tradition prophétique musulmane. En effet, dès l’annonce de la vision de la nouvelle lune, les musulmans glorifient la grandeur de Dieu par le takbir.

Il est également fortement recommandé de multiplier les aumônes et les cadeaux ce jour-là.

Aspects socioculturels

La pratique de ce sacrifice à domicile est controversée dans certains pays occidentaux. Cependant, certains pays européens (Belgique, France…) essaient d’organiser des abattages dans des abattoirs ou des abattoirs mobiles afin de permettre d’assurer les meilleures conditions sanitaires d’abattage16.

En Belgique, durant 2007, l’agence Bruxelles-Propreté a ainsi édité un fascicule distribué dans les communes et les mosquées de la région bruxelloise. Publié en quatre langues (français, arabe, turc et néerlandais), il indique les coordonnées de quatre abattoirs communaux et quatre abattoirs privés de la région de Bruxelles. La France publie chaque année une liste des sites autorisés disponible via les services des directions départementales de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP) et des préfectures 17.

Substitution ou pas

Selon le juriste musulman Ibn Qayyim al-Jawziyya : « L’immolation au moment approprié vaut mieux que l’offre en aumône du prix de l’animal à sacrifier ou même de plus d’argent. Ceci s’applique aux sacrifices prévus dans le pèlerinage et à celui de la fête du Sacrifice. Car l’effusion de sang est visée puisqu’elle constitue un acte de rapprochement à Allah lié à la prière, comme on le voit dans ces propos du Très Haut : « Accomplis la prière pour ton Seigneur et sacrifie pour lui. » (Coran, sourate 108 ; verset 2)18.

Deux fatwas de la Commission Permanente des Recherches Scientifiques Islamiques et de l’Iftâ19 confirment que le don d’argent ou l’achat de viande ne remplace pas le sacrifice.

Selon le théologien contemporain Cheikh Ibn Uthaymin, il est déconseillé de faire sacrifier pour soi une bête à l’étranger : « Le fait de donner de l’argent pour que l’on pratique le sacrifice pour la personne dans un autre pays est certes contraire à la sunna. En effet la sunna est que la personne pratique le sacrifice dans sa maison pour lui et sa famille, ils en profitent alors, ils mangent de sa viande et remercient Allah pour ce bienfait. Par contre, le fait de déplacer le sacrifice vers d’autres pays fait perdre beaucoup de bienfaits, parmi eux : le fait que les rites apparents de l’islam ne sont plus présents dans le pays ; la personne ne prononcera pas le nom d’Allah lorsqu’elle va égorger sa bête, or ceci fait partie des meilleures actions ; la personne ne pourra pas manger de la viande issue du sacrifice, alors que ceci est très important ; la personne ne peut pas être sure que la viande de son sacrifice a été bien distribuée ; la personne ne peut pas savoir si son sacrifice a bien été pratiqué dans le temps qui lui est imparti ; la personne ne sait pas précisément quand sa bête sera sacrifiée et donc il ne peut pas savoir à quel moment il lui est possible de nouveau de couper ses ongles et ses poils ; etc. 20»

Tariq Ramadan a toutefois estimé qu’au sacrifice du mouton pouvait être substitué un don financier aux pauvres car, selon lui, « depuis bien longtemps des savants musulmans ont rappelé que l’on pouvait offrir l’équivalent du sacrifice en don d’argent ou de nourriture pour les pauvres. »21.

C’est aussi l’avis de l’ancien grand mufti de Marseille, Soheib Bencheikh, considérant que l’Aïd al-Adha « n’est ni un pilier de l’islam, ni une obligation (…) comparable à la prière ou le jeûne du Ramadan » et que le droit musulman permet de le remplacer par « un don fait dans un pays où les habitants ne mangent pas à leur faim, ce qui est plus conforme à l’esprit de partage que comporte cette pratique »22[réf. insuffisante].

Des musulmans soufis, comme Rabia al Adawiyya, Hassan al-Basri, le groupe des philosophes chiites ismaéliens nommé les Ikhwan al-Safa (« Frères Purs ») – ainsi que le poète à la fois hindou vishnouïte et soufi Sant Kabir, préconisèrent non seulement la substitution de dons à tout rituel sanglant lors de l’Aïd al-Adha, mais le végétarisme dans la vie quotidienne 22.

Druzes

Les Druzes interprètent l’Aïd al-Adha comme la révélation de la foi unitaire en 1017 dans la mosquée Al-Hâkim (en) du Caire devant une assemblée multiconfessionnelle23.

Ils pratiquent en général le jeûne pendant les dix jours qui précèdent l’Aïd al-Adha24. Le respect du jeûne est strict puisqu’il n’autorise qu’un repas léger en soirée24.

Source : fr.wikipedia.org/wiki/Aïd_al-Adha

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